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Convaincue qu’il se joue quelque chose dans nos jeux de mots, que la culture se partage et récrée du désir, je serai la médiatrice de la Fabrike pour passer le mot et l’envie. La Fabrikulture aura des toits et des mois de toutes les couleurs, des portes ouvertes à tous les nouveaux arrivants et des fenêtres entrebâillées sur la lune, rousse pour certains, laiteuse, pour d’autres et je ne sais quels autres horizons rythmiques et sonores. La Fabrikulture, ce sera bien, on s’y inventera beaucoup d’histoires et on y croisera beaucoup de personnages, aussi étranges les uns que les autres, séniors, juniors, artistes, fous, mamans, insertionnistes, guitaristes, étrangers, dyslexiques, accros aux acrostiches, acrobates et musiciens de la langue, tous restés enfants dans l’âme.

Alors comme on dit que ça serait bien, on dit que vous viendrez nous bricoler plein de jolies trouvailles avec vos briques singulières, vos ratures, vos ratages, vos excellences, vos approximations, vos rêves de pirates ou de contes de fée. 

 

Carole - Co-fondatrice et animatrice

 

Animatrice de la Fabrikulture, je me fais plaisir : j’aime écrire, inventer, me surprendre, j’aime écrire en groupe, être surprise par les textes des fabrikulteurs, qui fusent dans tous les sens à partir d’un déclencheur commun, baigner dans une atmosphère complice et conviviale.

Écrire, ça décuple mon plaisir de lectrice : je traque les trouvailles, j’admire les images, je m’étonne de constructions audacieuses, je jalouse - ben oui, je n’ai pas que des qualités ! - ces auteurs qui ont écrit les livres que j’aurais voulu inventer …

Mais après tout je n’ai que 66 ans et j’ai peut-être encore le temps de la réussir cette œuvre idéale ! L’espoir fait écrire !

 

Monique - Co-fondatrice, présidente et animatrice

Trésorier c’est sérieux, baladeur moins. Pourtant je laisserais bien volontiers mes comptes et mes tableaux de bord. J’aurais beaucoup de mal à remiser mes baskets.

Sherpa est un titre reconnu et apprécié. A bien y regarder le rôle du sherpa est de porter des charges lourdes pour aider les occidentaux à s’adonner à leur passion de riches.

L’idée d’aider mes amis à vivre une passion même modeste  me convient. Je sais que les fabrikulteurs ne sont ni très riches, ni lourdement chargés, mais si je peux par mon action les aider à se faire plaisir, ça me va.

 

André - Trésorier Sherpa

J’avais toujours rêvé d’écrire pour exprimer mes sentiments. J’imaginais des séances de solitude où j’aurais couché sur un cahier à spirale un serpentin d’événements et de personnages.

Les années avançaient et je ne me jetais ni sur ma plume, ni sur les livres. Je ne  privilégiais que le strict nécessaire à mon activité professionnelle basée sur des données techniques.

Et puis, au détour d’une conversation avec un voisin de mon immeuble j’ai appris l’existence d’un atelier d’écriture. La découverte était enthousiasmante. Un groupe hétéroclite de participants qui se lançaient à partir d’un mot, d’une phrase, d’une idée voire d’une photo à l’assaut d’une infinité de constructions de textes percutants.

Je ne m’étais pas imaginé jouer ainsi avec les mots et les idées, mais le vent de liberté qui règne au sein de la Fabrikulture m’a entraînée dans les méandres d’une imagination inattendue et prolifique. J’ai souhaité à chaque rencontre découvrir les trésors des autres fabrikulteurs et suis allée au-devant de magiciens de mots et d’idées.

 

Violette -  Son nom de plume ? Sélène

 

Une saison pour tous, au théâtre. Sur des tréteaux en guise de table, des personnes, écrivaient en silence. Qui m'aurait dit qu'un jour je rejoindrais cet atelier d'écriture ?

Les acteurs c'étaient eux : les mots qui, en panache, gesticulaient les plumes ; ils se permettaient d’être audacieux et joyeux et même coquins : les gommes effaçaient la sentence. Affables, ils jouaient en toute modestie la comédie.

En écoutant les lectures, j'étais au spectacle, fascinée par ces histoires qui s’étaient invitées en un temps si court.

Petite fille, j’aimais écrire des poèmes. Puis les pages étaient restaient blafardes trop longtemps. A nouveau, des caractères, peu à peu, ont animé mon cahier. Pas facile de maîtriser ces mots qui me terrorisaient ! Ils peuvent dire tant de choses ! Cela m’exaltait mais j’étais en colère de ne pas y arriver. Cependant je m’obstinais à jouer, en groupe, et grâce aux diverses consignes les portes de la culture s’ouvraient pour moi !

Un secret : à l’intérieur de la valise, sont enfermés les liens qui nous attachent à la Fabrikulture.

 

Krikri - Secrétaire adjointe, marcheuse et pédaleuse

La fabrike des mots

 

Simone a les cheveux longs décoiffés par la tempête qui l’habite, elle arrive en retard et essoufflée à l’atelier.

Jocelyne la regarde alors d’un air mauvais.....

‘’ La tempête a bon dos, ma nine... L’heure est la même pour chacune, enfile ta blouse et mets-toi au métier… ‘’

 

A la filature des mots, ça trime dur.

On se passe les mots de l’une à l’autre, on en corrige la forme, on les affûte, on les taraude...

Certaines les mettent à la presse, d’autres au tour.

Certaines les graissent, puis il faut les mettre en paquets ou en caisses ou en boîtes mais d’abord les envelopper avec précaution de papier kraft bleu nuit.

Vient alors le service expédition...

Une teinte par région, un numéro par département, la mécanographie ne règne pas encore à l’atelier des mots.

 

Denis - Trésorier adjoint. Pédaleur et dechevautiste diplômé

C'est la faute à qui ?

 

2007 : j' traîne mes baskets dans ma morosité.

 

2007 / 2015 : j'ai toujours mes baskets, je cours après les livres, les auteurs, les textes, les mots...

 

J'use mon jean sur les fauteuils des théâtres, j' me fais des toiles et des films.

Avant j’étais sylvie, aujourd'hui je suis syllobille, syllnullarde, sylmeplé et autres...

La faute à qui ? (J'suis pas une moucharde, mais quelquefois j'aimerais bien balancer des noms !)

Je n'aime pas parler de moi, mais un jour j'écrirais mon autobiographie.

Alors, patience pour le trombikulture.

 

Sylvie - Médiatrice culturelle. Toujours à l'heure !

Je suis arrivée à la Fabrikulture en janvier 2011, « jeune retraitée » comme on dit. Cela faisait des années que j’avais envie d’écrire, que cette envie était barrautée derrière les obligations, professionnelles et autres.

Donc un jour enfin une amie m’emmène, « nouvelle » elle aussi. L’atelier avait lieu chez l’une des adhérentes, je n’en menais pas large. On était une douzaine je crois, alignées autour d’une table en longueur, bien sages, un peu intimidées peut-être, méfiantes certainement. Personne n’était vraiment détendu et j’ai été surprise qu’il n’y ait pas les présentations rituelles, identité, adresse, profession, motivations… J’ai repéré les « cheffes » , fondues dans la masse, au moment où la consigne du jour a été donnée. Oui, un atelier commence toujours par une consigne, pour moi c’était évident, mais quand la consigne « tombe », avec le temps octroyé, le genre attendu etc. on entend toujours soupirer, râler, grommeler. J’ai oublié cette consigne de la première fois, mais pas mes émotions du moment : j’ai démarré tout de suite, en personne familière de la chose écrite je suppose, mais au bout de trois ou quatre lignes ça s’est arrêté. Net ! Plus de jus, rien. Pour quelqu’un qui avait passé quarante ans à rédiger, c’était un concentré de frustration, d’incompréhension et de honte. J’étais devenue comme des élèves : « Combien de lignes madame ? Combien de pages monsieur » ? Dans les semaines qui ont suivi j’ai dû arriver à une page (en écrivant une ligne sur deux…) avec l’impression presque physiologique de forcer mes neurones rétifs. A quoi m’avaient donc servi toutes ces années d’écrits professionnels ? Heureusement, la bienveillance absolue des « cheffes » me permettait de me faire la main sans trop souffrir. La variété des activités était telle qu’il n’était guère possible de se sentir en échec deux fois de suite, et les fragments d’auteur nourrissaient la bête !

Quelques points n’ont jamais cessé de me surprendre : comment une telle diversité de textes est-elle possible à partir d’une seule et même consigne pour tous ? Qu’est-ce qui fait que, à un moment, ça s’écrit ? Pourquoi une consigne provoque-t-elle toujours des réactions épidermiques (alors que chacun connaît la règle du jeu) ?

Personnellement, durant ces quatre années, la consigne m’a toujours servi de « fil rouge », au point que je ne peux rien faire sans elle. Quand elle « tombe », instant fatidique, je la considère sous toutes ses faces, je pense parfois  « Oh merde alors je fais quoi avec ça  ? » j’ai conscience de la perturbation qui traverse alors le groupe, ça ronchonne, on échange des regards, on fait des grimaces mais en même temps, ma tête se vide complètement, je m’échappe de la pièce, je suis réduite à juste un tronc et soudain  « ça s’écrit » ! Mais d’où ça sort misère d’où ça sort ? En fait, ce qui me stimule le plus, c’est d’essayer des genres de textes différents, même si j’ai parfois du mal à identifier le genre en question (la prose poétique par exemple). Je n’ai ni le souci de l’imagination (tant pis si c’est plat comme une limande) ni celui de l’humour ( tant pis si ça n’amuse personne, je ne suis pas vraiment une rigolotte), je suis réfractaire au burlesque ou à la « fantasy », j’éprouve rarement le besoin de camper un (ou des) personnage(s), peut-être à cause du temps limité. Mon crayon me porte directement vers les évocations, la gomme se charge des finitions. Je « regarde » enfin le texte comme si quelqu’un l’avait commis puis oublié sur mon bureau… Vient alors un brin d’analyse et je découvre mon penchant pour la métaphore, la mise en mots de l’émotion, la transformation du texte en images.

Le temps de la lecture est celui de la complexité : comme il est très rare que deux textes se ressemblent, un effort particulier de concentration est exigé (le temps de la lecture étant souvent plus important que celui de l’écriture). Il faut passer très vite d’un univers mental à un autre, chaque texte constituant un petit monde à part entière, avec sa logique propre mâtinée de la psychologie de son auteur, même si celui-ci avance masqué. On s’aperçoit alors qu’on a été peu, mal, voire pas du tout formé à l’écoute. Cette difficulté semble bien partagée si l’on en juge par le degré d’inattention croissant dans le groupe, le dernier texte lu étant vraisemblablement  « écouté » par deux ou trois personnes…. Le texte des autres, c’est, à la première écoute, le mien en creux : personnages, intrigues, drôlerie, baroque, mondes merveilleux, parlers  enfantins, populaires, argotiques…

Au fil du temps se tisse ainsi l’histoire du groupe, dense et chargée d’affects. La personne qui écrit se voit augmentée de ses personnages, de son style, de ses récits, dialogues, poèmes ou chansons tandis que la personne qui écoute refait infiniment le monde et cet autre lui-même. 

 

Violaine - Administratrice

 

Motokulteur assembleur de mots dans la fabrike de Mô, je baigne  dès mon enfance dans un bain d’écriture en regardant ma mère écrire des dizaines de cartes de vœux chaque année. Je me lance dans les nouvelles qui porteront, toutes, le même titre, fantaisie de l’écrivain en herbe, « chère mamie ». Puis j’écris des récits de voyage, fruit de mes pérégrinations en Normandie chez ma grand-mère que j’intitulerai encore par ma marque de fabrike « chère maman, cher papa ». C’est à l’adolescence que je me diversifie et écris quelques essais qui rencontreront un enthousiasme modéré de mon prof de philo. La maturité  de la trentaine me donne le courage de me lancer un défi, écrire un roman aux éditions du « cherche midi à quatorze heures ». Je suis  actuellement en phase de réflexion pour éditer l’œuvre de ma vie et compte sur la fabrikulture pour m’aider à lever l’angoisse de la page blanche présente depuis des dizaines d’années.      

 

Michel 

J'aime les poèmes mais bien plus encore les poètes ! Tous ceux qui élargissent mon horizon et me font évader dans le plus charmant désordre pour arriver en cet autre endroit de moi, moins futé, mais ô combien curieux !

Rien ne doit faire ombre aux questions que je me pose et j’attache de l'importance à tout ce qui bruite et bouge ! Au verbe aimer ! Aux voyages ! A mes désirs enfouis ! Mais chut cela ne se dit pas !

Je ferai de mon dos un mur pour qu'on puisse l'escalader !

Chut !

Je m'élèverai  au premier sursaut des  mots d'amour lâchés car je crois en leur résonance ! Oui Adèle tu reviens de loin !

Car tu l'as échappé belle !!!

 

Adèle

 

(Pour lui faire plaisir prononcez Adèlé)

Écrire avec les autres, c’est former un groupe,

Écrire avec les autres, c’est entendre battre leurs cœurs,

Écrire avec les autres, c’est écouter l’accent chantant d’Adèle,

Écrire avec les autres, c’est se nourrir de leurs pensées et de leurs sentiments,

Écrire avec les autres, c’est s’apercevoir qu’on est pauvre d’esprit,

C’est découvrir avec stupeur qu’on est trop scolaire,

C’est prendre confiance quand on est content de soi,

C’est oser petit à petit se livrer,

C’est avoir envie de devenir meilleur, d’avoir un style,

C’est se faire plaisir une fois la honte disparue,

Écrire avec les autres, c’est éprouver du plaisir quand le groupe a bien réagi.

 

Denise - Le Sète-Toulouse Express

Plutôt Agri Kulture bio que Kulture tout court

Option plantes médicinales et aromatiques

J’ai bourlingué dans les maquis désertés

Coureuse de bois, gardienne de chèvres

Dans les terres de Thessalie des femmes m’ont initiée

Aux secrets des plantes et à la magie tragique de la vie

Hélas le retour forcé dans nos contrées fut difficile

Et dans ce milieu urbanisé, pollué, dérangeant et futile

Où je me trouvais aussi désemparée qu’une immigrée

Se dressait un îlot d’amitié et de convivialité

L’évasion en plongeant au plus profond de soi

Sous la houlette de Dame Monique qui soit dit en passant

Nous malmène et ne nous épargne guère malgré son air bonasse

Désormais  je triture mes neurones pour en extirper la quintessence

 

 

AnnieBo

Quand je passe, le mardi, chez Le Marchand du sel, je me prose séance tenante, laisse la consigne au vestiaire et de vertigineuses ratures m’entraînent au bord des interlignes, me noient, consciencieusement, dans le blanc floconneux de la page, me hissent, haletante, d’une ligne l’autre, funambule de la marge, au plein majuscule de l’écrit, qui chute Niagara aux rives arborées du papier où tout fait signe jusqu'à rendre gorge en ribambelle de mots comme des bulles envolées...

 

Joe - La photographe

D1, D’eau

Faite d’eau vive, trop forte, eau forte, faite d’eau forte qui brûle, s’attise, devient incandescente, s’enflamme dans ses propres braises.

Plonger dans l’eau pour éteindre le feu qui couve sous ses propres scories.

D’eau dedans, à 80 %, d’eau dehors, celle de la mer, d’Ulysse, des voyages, de l’errance. Qu’est ce qu’une goutte dans l’océan, dans l’eau séant. Rien, à peine née, à peine évaporée, ne laissant qu’une trace imperceptible.

 

D2, Musique

Clef de sol, clef de fa, sur la portée, placer des notes, do, mi… Aller à la rencontre de Rémi, de Sido et de tous les autres.

La rencontre, cette musique qui fait écho, qui s’envole et vibre à travers l’univers. Celle qui se terre dans les entrailles de la douleur, de l’incompréhension, du silence.

 

D3, Questions

Elles surgissent, lancinantes. Qui ? Quoi ? Que ? Où ? Quomend ? Géographie du moi ? Apprivoiser le monde, l’explorer et ne rien considérer comme acquis. Apprendre, apprendre encore, implorer jusqu’à ne plus savoir quel est le sens de la question. A quoi bon tout ça ?

 

D4, Anagramme

Qui domine, anagramme parfaite, si parfaite qu’elle terrorise. Peur d’étouffer la vérité derrière la contre-vérité. Vouloir bien faire. Oublier d’être à force de vouloir bien faire. Alors dominée peut être par ce qui domine trop, bouillonne trop.

 

D5, Démoniaque

L’as-tu vu, tapi dans l’obscurité ? On ne voit rien, que le noir, l’être démoniaque qui ronge. L’équilibre harmonique devient assonance, discordance. La mélodie coasse, croasse, claudique. Sa mimique de mime minimaliste s’enfle de monstruosité. Face cachée, pile ou face, revers de médaille, filigrane invisible qui veut niquer la mort.

 

Dominique - La multiple

 

Comme beaucoup, j’ai griffonné des pages et des pages d’introspection, j’avais besoin de cracher tout ce qui m’encombrait et était scellé au fond de mon cœur. Et puis un jour j’ai tout déchiré, j’allais beaucoup mieux.

Après de multiples lieux où j’ai vécu, j’ai atterri dans un petit village et dans la maison en face de la mienne, j’ai découvert une personne qui faisait des « ateliers d’écriture ». Quèsaco ? J’ai traversé la route, j’ai sonné et je me suis retrouvé tous les jeudis soirs avec quelques « écrivaines » ! De page en page, j’ai exprimé mon tréfonds d’âme puis de fil en aiguille, j’ai découvert un autre atelier d’écriture et là, j’ai laissé mes introspections et j’ai écrit, écrit, dans des lieux inspirants, des histoires, des poèmes, des haïkus , des délires, des aventures, des voyages  réels ou imaginaires. Enfin j’ai posé mes pénates à Sète et nouvelle découverte, la FABRIKULTURE, Monique et le carnet de voyage à SETE. Depuis j’écris dans l’amitié et la chaleur des « FABRIKULTRICES». J’y suis, j’y reste, je ne déménage plus !!!

AnnieB - Conseillère en lecture

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