Les tournicotons  Ecrire chez soi ! 

LE TOURNICOTON EST UN JEU ! 

 

Règle du jeu (à ne pas trop tournicoter autour du pot sinon le pot pourrit)

 

On joue avec une équipe de 4 personnes  :  A -B -C et D   (on peut jouer à plus de 4 , mais ça devient compliqué...) 

5 étapes : 

- phase 1 : A
 . donne "un déclencheur" (
Un début : un inducteur, une phrase, une photo, une 4ème de couverture, un extrait de poème… un dessin…, bref , n'importe quoi qui vient à l'esprit de A ) 
 . l'envoie par mail à B 
 . A n'
oublie pas dans son mail de donner quelques indications et ou injonctions pour B

- phase 2 :  B
 .  reçoit le mail de A et ne s'étonne pas ... 
 . 
après lecture du "déclencheur"  et des injonctions et désidératas de A
 . attaque la nouvelle (en changeant de couleur )  en essayant d'obéir (ou pas...) aux indications de A
 . à la fin de son texte, B prépare , pour la suite, quelques indications et/ou injonctions pour C
 . puis B envoie le tout (c’est-à-dire le déclencheur de A + le texte de B + les indications de B pour C ) par mail à C 

 

- phase 3 :  C
  . reçoit le mail de B et en prend connaissance... 
  . C , après réflexion, poursuit la nouvelle (en changeant de couleur) en essayant d'obéir (ou pas...) aux indications de B
  . à la fin de son texte, C prépare quelques indications ou injonctions,  pour la suite de la nouvelle, pour D
  . puis C envoie le tout (c'est à dire déclencheur de A + texte de B + texte de C + indications de C pour D )  par mail à D

- phase 4 : D
 . reçoit le mail de C et en prend connaissance... 
 . D , après réflexion, continue la nouvelle (en changeant de couleur)  en suivant (ou pas...) les indications de C
( l'histoire devient alors constituée du déclencheur de A + texte de B + texte de C + texte de D ) 
 . à la fin de son texte, D prépare quelques indications ou injonctions pour la fin pour A
 .  puis D envoie le tout (c'est à dire déclencheur de A + texte de B + texte de C + texte de D + indications de D pour la fin pour A ) par mail à A 

- phase 5 :
 . reçoit le mail de D et en prend connaissance... 
 . A, après réflexion... , écrit la chute (la fin ! ) de la nouvelle (en changeant de couleur) en suivant (ou pas...) les indications de D
 . Puis , pour terminer en beauté, A lisse le tout, comme on 'ferait la toilette d'un mort', pour reprendre l'expression utilisée par les surréalistes pour leurs cadavres exquis.
Le Tournicoton terminé 
doit être cohérent, que ce soit un conte, une nouvelle noire ou que sais-je ? Et comporter un titre. 

 

Et voilà ! Le Tournicoton est terminé et prêt à être publié ! 
A , B, C, et D prennent enfin connaissance de l'intégralité du "Tournicoton final" ... 

Le "Tournicoton final" est donc composé , à l'arrivée... :
- du déclencheur de A
- du début de B
- de la suite de C
- de la continuation de D
- de la fin de A 

Et très curieusement, tout le monde est très très très surpris à la lecture du résultat !!! 

 

Dessin Mô

Cadeau !  Téléchargez au format pdf les Tournicotons de Saisons... !!!

On est pas des chiens Les Tournicotons des confiné(e)s !
On est pas des chiens Les Tournicotons des confiné(e)s !
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Tournicoton été 22
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Exemple de Tournicoton

La chanson

 

 

AnySylvieViviane - Any

 

Il souffle, il souffle

Quai de la Marine,

S'y envolent :

les tartines,

les sardines,

les bassines,

les Bécassines,

les Messalines

 

Julie s’y était mise mais vraiment. Le bac de français était dans trois semaines. Elle avait décliné toutes les invitations de sorties des copains, s’était épilée, avait fait des réserves de chocolat – les plaques occupaient entièrement l’étagère du haut du frigo et personne n’avait osé y trouver à redire. La dernière fois qu’elle avait fait ça, c’était pour le brevet. Et l’apport de magnésium lui avait été plus que profitable ; elle s’était baladée !

Il commençait à faire bougrement chaud, à Sète ! Alors elle avait ouvert la fenêtre. Elle ne voyait pas la ville de sa chambre au 7ème étage mais les nuages poussés par le vent, les goélands qui se laissaient porter, l’œil rond, à la recherche de quelque proie… Elle les aimait bien ces oiseaux que tout le monde dénigrait en ville, ces presque géants, ces presque princes des nuées, au plumage de neige et au bec bouton d’or.

Comme elle venait d’en voir planer un, elle décida de réviser Baudelaire.

Elle fit sa fiche auteur, sa fiche Fleurs du mal, plongea dans le frigo, hésita, opta pour le chocolat noir truffé de Côte d’or, revint dans son antre et s’attaqua au commentaire composé de L’albatros.

Tout à coup, aux bruits de la ville se mêla une chanson. Une voix masculine accompagnée d’une musique aigrelette. Julie l’imagina sortie d’un ‘ogre de barbarie’. Julie adorait jouer avec les mots depuis qu’elle était toute petite. Elle en avait même fait sa spécialité un peu à la manière de Boby Lapointe.

Elle prêta l’oreille pour écouter les paroles :

 

Il souffle, il souffle

Quai de la Marine,

S'y envolent :

les tartines,

les sardines,

les bassines,

les Bécassines,

les Messalines

Alors, elle se pencha par la fenêtre pour tenter de voir d’où venait la chanson et comme sa tête dépassait légèrement de la façade, elle sentit quelque chose heurter violemment son visage. Elle passa la main sur sa joue ; pas de sang, juste une odeur forte, une odeur de poisson.

Elle leva la tête et vit sortir par la fenêtre de l’appartement du dessus, une dizaine de thons !  Ils se posèrent un instant sur la balustrade du balcon de Julie, et, hop !, s’élancèrent vers le ciel, à l’aide de leur petite nageoire dorsale et le frétillement de leur queue.  De deux choses l’une : ou elle restait là à regarder les thons voler vers l’astre lunaire ou elle montait un étage pour savoir ce qu’il se passait ! Elle s’immobilisa un instant devant le ballet incessant des poissons. Puis elle enfila sa robe de chambre et doucement monta d’un étage. Elle hésita, lut le nom de la locataire nouvellement installée : Lucie Fer, frappa. Quatre bruits de verrous. La porte s’ouvrit sur un homme, habillé d’un kimono de satin, une partition à la main.

- C’est pourquoi ? questionna-t-il avec une moue de chat.

Je m’appelle Julie et j’ai juste failli me faire assommer par un banc de thons venant de chez vous, mais ils se sont envolés.

- C’est normal, dès que je chante, le ton monte.

- Oh, c’est vous aussi qui chantiez ? J’aime beaucoup  votre chansonnette (et Julie fredonna) :

 

Il pouffle, il pouffle

Quai de la Narine,

Des scies s’envolent …

L’homme au peignoir se mit les mains sur les oreilles et hurla :

- C’est assez ! Vous esquintez mes exquis mots ! Vous me glacez le sang. Ne dites pas de mots que vous ne connaissez guère. Ça m’effraie !

Une femme entra en courant dans le salon :

- Commandant, que vous arrive-t-il ? Et qui est cette petite ?

- Je suis Julie, dit la jeune fille en tendant la main à la jeune femme. Je ne faisais que chantonner.

- Oh Lucie, notre voisine a une voix de pipistrelle, ou quelque chose dans ces Zolas, dit le commandant.

La jeune femme expliqua à Julie que son ami souffrait de presbyacousie sélective et qu’il avait une fâcheuse tendance à déformer les mots réels.

Julie pensa qu’elle aimerait bien faire de ce fameux commandant un nouvel ami mais Lucie la raccompagna vers la porte de sortie.

- Le commandant se couche tôt. Revenez une autre fois, il sera de meilleure humeur.

- Mais, Madame, les thons, ils  viennent d’où?

Lucie la poussa dehors :

- Il faut que je fasse à manger. J’ai huit scaroles à nettoyer, moi ! A bientôt, ma petite.

La porte se referma, les quatre verrous claquèrent. Julie rentra chez elle. Baudelaire l’attendait.Sa petite colère était toujours là :

- ‘Petite’, ‘petite’, je t’en foutrai, moi, des ‘petite’ ! J’ai 17 ans tous deux m'aiment ! Cette Lucie Fer avec ses grands R fiers à la laissez-moi faire, je sais tout faire, ferait mieux de se taire, cette écailleuse de scarole ! Même pas foutue d'enlever ces odeurs de poiscaille en décomposition, ça colle à la peau, pouah ! Et dire qu'il faut que je me Coltrane ces voix zinzin de sexophone !

 

Albatros albinos en sauce

Fous-moi le camp et rapidos

Faut que je bosse ou c'est la fosse.

Ah, c'est facile la poésie, hein ? Je vais la leur envoyer avec mon Charles Beau de l'Air dédicacé.

Julie prit son Baudelaire et tomba immédiatement en somnolence. Tout à coup des bruits de scène de ménage et de vaisselle cassée la firent sursauter. Elle courut à sa fenêtre et leva la tête pour écouter. Sous ses yeux ensommeillés et incrédules elle vit passer en volant les tartines, les sardines, les bassines, le commandant Couche-tôt déguisé en Bécassine en kimono et Lucie Fer, la Messaline. Les tartines, les sardines, les bassines finirent par s'écraser huit étages plus bas. Un thon déguisé en Albatros s'éjecta de la fenêtre et rejoignit Messaline et Bécassine, tous trois tournoyant dans les airs à quelques centimètres du visage de Julie épouvantée, et de leurs horribles voix de pipistrelles entonnèrent leur chanson fétiche :

Il souffle il souffle

Quai de la marine,

S'y envolent

Les tartines

Les sardines

Les Bécassine

Les Messalines.

Hurlant de rire, ils se moquaient d'elle :

- Viens, enfant, viens petite jouer et chanter avec nous !

- Mais je  ne suis plus une enfant, j’ai 17 ans et mon temps est compté avant le bac ! Le bô de l’air m’obsède et je dois m’y coller et m’abstraire de toute tentation m’empêchant de glisser en dormant dans les fleurs du mâle.

Messaline avait éveillé en elle un désir de s’émanciper et de s’envoler dans un univers onirique qui lui procurerait des frissons exquis.

Par contre, elle n’avait aucune envie de se joindre à cette équipée improbable de sardines, d’albatros et de thons pas frais.

Alors elle décida de laisser tomber les pauvres Bécassines en train de se goinfrer de tartines à la sardine et choisit sans complexe de se glisser pour une nuit, juste pour une nuit, dans la peau de Messaline, célèbre pour sa cruauté, sa luxure et surtout pour son insolente beauté.

Et pour ne pas subir les affres de la moquerie, les odeurs des thons en goguette, les musiques aigrelettes, les vents contraires, les goélands en rut, les tentations infâmes de Lucifer, Julie s’endormit doucement, le sourire aux lèvres.

Cette nuit-là, en grand secret, Messaline-Julie rêva qu’elle détenait un pouvoir immense, celui de décider de l’avenir des hommes, de les séduire et même de les détruire. Personne ne sut jamais rien de son petit fantasme pernicieux et secret … et le lendemain, quand elle se réveilla, elle redevint la gentille petite lycéenne qui bossait dans sa chambre pendant que les autres festoyaient. Mais dans sa tête, tournait en boucle une petite chanson :

 

Il souffle, il souffle

Un vent de folie

Je suis la Messaline

Du Quai de la Marine…

 

 

 

 

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