Titre

 é i R é r é t N

 

 

Parcours ludique avec les mots

 

Aux Pergolines de Sète

 

 

 

Mieux vivre en maison de retraite, bien être, dédramatisation de situation difficile, renforcement de la socialisation, valorisation de la personne par la réalisation d’un livret collectif, enrichissement par la participation de soignants  et des familles (liens intergénérationnels).

 

Une action financée par l'ARS, la DRAC et la fondation de la Poste.

 

Le 12 mai 2015 : Premier atelier aux Pergolines de Sète, animé par Dominique

 

Il s’agit du premier atelier avec les résidents des Pergolines. L’objectif est donc de prendre contact, de faire connaissance, de mesurer l’adéquation entre le projet et le public présent, d’adapter le dispositif.

 

Cet atelier a été conçu comme une occasion de faire connaissance. Il a été proposé que chacun établisse son portrait puis le lise aux autres. Les indications données étaient : Commencer par « Je suis (prénom) », puis grandes lignes de son personnage, puis détails, qualités, défauts. L’animatrice de la structure a alors proposé qu’une étape orale ait lieu. Après le tour de table, les participants ont écrit leur portrait.

Tout le monde a écrit !

Lecture des textes : Un grand respect (silence, attention) se ressent lors des lectures. La fierté est palpable. Ce moment est en effet celui dans lequel la valorisation des personnes est la plus intense.

 

 

Contact : Dominique CABROL 06 51 59 88 36 domi.ecriture@free.fr

 

Dans l'assiette de Giuseppe Arcimboldo

Aujourd’hui, 15 septembre,  nous invitons un peintre à la  table d’écriture.

Giuseppe ArcimboldoArcimboldi ou Arcimboldus (vers 1527 à Milan - 11 juillet 1593 à Milan) est un peintre maniériste, célèbre comme auteur de nombreux portraits suggérés par des végétaux, des animaux ou des objets astucieusement disposés.

Des reproductions de tableaux d'Arcimboldo peintre circulent parmi les 5 participantes. Chacune cherche à trouver les végétaux de ces compositions. Des légumes frais et quelques fruits secs sont disposés sur la table. Nous les nommons, les touchons, les respirons. Certains donnent l’eau à la bouche. « Ici, on ne nous sert jamais de tomates. » proteste l’une des fidèles participantes.

Sans chercher à compenser ce type de frustration, avec notre imaginaire nous allons créer quelque chose qui ne sert à rien d’autre qu’à se faire plaisir.

A partir des produits du jardin, s’élabore collectivement un portrait. Ici une grande bouche faite de deux carottes d’où sortent de grosses dents, là un énorme nez violacé. Quelques instants plus tard le personnage est en place pour vivre les aventures qui vont lui être inventées. 

Il est évident que cet homme n’a pas été gâté par la nature.

Donnons-lui un nom. Quelques prénoms fusent. On tente d’en inventer en associant les noms des légumes utilisés. Si Monsieur Chomate Hachou ne retient pas la faveur des participants, le groupe s’accorde pour donner au personnage le prénom de Pierrot. 

Avec facilité, les participantes lui attribuent des traits physiques et de caractère. Notre héros sera grand mais boiteux, bucheron habitant à Issanka dans les bois, solitaire et sauvage, jamais marié, jamais coiffé, et un peu « barjo » ou « chème ».

 

Peu à peu l’histoire se révèle grâce à l’imaginaire des participantes. 

 

« La nuit où Pierrot vint au monde sa mère constata que l’enfant n’avait pas été gâté par la nature. Elle-même très jolie femme, elle déplora que le physique de son enfant ne soit pas celui qu’elle avait imaginé. Il ne ressemblait pas non plus à son père. Il était différent. La mère compatissante avoua « Il a une drôle de tête » mais le serra sur son cœur. Si ses yeux couleur amande étaient dessinés avec précision, la bouche de Pierrot était gigantesque et son nez semblait taillé au couteau dans un chou violacé. Si la nature n’avait pas gâté Pierrot physiquement, elle ne lui avait pas donné d’atouts intellectuels. Aussi, dès l’enfance la moquerie et les quolibets dont faisait l’objet Pierrot firent de lui un solitaire. Il aimait se cacher dans les bois à l’écart des autres, braconner dans les ruisseaux et chercher les champignons.

Ce goût pour la nature et les arbres le conduisit à devenir bucheron. Il livrait les bûches à tous les habitants du village qui l’estimaient en dépit de sa disgrâce. Il était serviable et travailleur. Il aurait pu également devenir menuisier ou charpentier mais son tempérament solitaire l’avait confirmé dans son désir de vivre au service de la forêt. Loin du village il n’avait pas appris à faire du vélo, encore moins à danser. Les jeunes filles du village qui aimaient aller dans les bals ne pouvaient le croiser. « Un gars qui ne sait pas danser, ce n’est pas pour moi » disaient les meilleures danseuses du village. Aussi resta-t-il célibataire.

Au fil des années, Pierrot avait découvert tous les atouts de la nature. Très tôt le matin, avant le lever du soleil, il quittait sa cabane modeste avec un sac sur le dos rempli d’un casse-croute au saucisson et d’une bouteille de vin. Avant de couper les arbres, il ramassait les champignons dont il connaissait les meilleurs emplacements. Il savait aussi où trouver le muguet au printemps. Dans le ruisseau il pouvait pêcher les plus belles écrevisses. Personne ne pouvait rivaliser avec lui et Pierrot ne dévoilait jamais les lieux où la nature était la plus généreuse. Au village, les paysans lui achetaient volontiers ses produits. Mais à chacun d’entre eux il indiquait qu’il n’avait qu’une poignée de champignons ou quelques brins de muguet. Aussi           amassa-t-il un petit pécule confortable. Agé de soixante ans, sans enfant, n’ayant que des besoins modeste Pierrot n’avait pas dépensé son revenu.

Qu’allait-il faire de ses économies ?

A vous, lecteur, d’imaginer la suite. Voici les quelques pistes que nous, auteurs, vous suggérons.

Un jour quelques mauvais garçons du village épièrent Pierrot et finirent par connaître les secrets de l’homme solitaire. Ils lui tendirent un guet-apens et lui dérobèrent ses sous.

Pierrot, bien que sauvage, savait que d’autres personnes vivaient dans le dénuement. Aussi fit-il don de toutes ses économies aux associations caritatives.

Il passa son permis de conduire, acheta une voiture et partit découvrir le monde.

Pierrot construisit une cabane avec tout le confort, électricité solaire et eau de pluie. Sa création écologique fut brevetée.

Une autre hypothèse pourrait être que Pierrot se décida à faire appel à la chirurgie esthétique. Las des regards sur son physique ingrat, il se fit refaire le nez. Au cours de l’hospitalisation il fit la connaissance de Paulette une infirmière. Il en tomba amoureux et l’épousa. Toutes les personnes résidant aux Pergolines furent invitées à la noce. »

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